Forages exploratoires de Nestlé à proximité d’une décharge illégale : LNE et VNE s’y opposent
- Céline MOGUEN
- 11 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 août
Décharge de They-sous-Montfort (100 100 m3 de déchets) - Parcelles 0D221 et 0D222

Un recours gracieux contre de nouveaux forages
Lorraine Nature Environnement et Vosges Nature Environnement ont déposé un recours gracieux auprès de la préfecture des Vosges pour s’opposer à la réalisation de nouveaux forages exploratoires par Nestlé, dans une nappe phréatique située à proximité d’une vaste décharge sauvage que l’entreprise a abandonnée.
Par arrêté du 10 juin dernier, la préfecture a autorisé Nestlé à réaliser cinq forages exploratoires sur les communes de Vittel et They-sous-Montfort, en vue de rechercher de nouvelles ressources en eau minérale pour augmenter la production de sa marque « Hépar » et ce, sans aucune évaluation environnementale. Les travaux sont prévus au second semestre 2025, selon le dossier d’autorisation déposé par la multinationale.
Ce type de forages, loin d’être anodins, présente en temps normal des risques pour la santé et l’environnement, notamment en pouvant créer des connexions accidentelles entre nappes et faciliter la migration de polluants. En l’occurrence, à la lecture du rapport technique fourni par Nestlé (Anteagroup, réf. 134090_vD, février 2025) dans le cadre de ces nouveaux forages exploratoires, nous avons été choqués de constater qu’aucune mention n’est faite de la présence d’une décharge sauvage de près de 100 000 m³ située sur la propriété de l’entreprise, sur les parcelles cadastrées 0D 221 et 0D 222, à proximité des sites de forage envisagés.
Une décharge illégale massive polluant la nappe phréatique
Plusieurs décharges illégales datant des années 1960, dont celle de They-sous-Montford, feront l’objet d’une procédure pénale dont l’audience est prévue en novembre prochain. Elles contiennent d’énormes quantités de déchets plastiques (bouteilles d’eau, polymères), du verre et d’autres matériaux incompatibles avec les écosystèmes. Leur dégradation libère des microplastiques (PE, PET, PS, PVC, PFTE) et potentiellement des métaux lourds dans les sols, les eaux superficielles et souterraines…
Des concentrations alarmantes de microplastiques voire de métaux lourds
Selon un rapport de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) de janvier 2025 réalisé dans le cadre du procès pénal à venir, les concentrations de microplastiques issues de ces décharges illégales atteignent des niveaux absolument alarmants ! Médiapart révèle ce mois-ci que, dans certains forages utilisés pour les eaux Hépar et Contrex, ces taux sont de 5 à près de 3 000 fois, supérieurs à la moyenne des taux habituellement relevés dans les nappes phréatiques.
Nestlé a connaissance de la situation depuis très longtemps. Toujours Selon Médiapart, dans une note interne confidentielle datée de juin 2022, l’entreprise reconnaissait que ces « décharges de déchets industriels et de bouteilles en plastique » présentent un risque « réputationnel et financier », et peuvent également avoir « un impact sur la qualité des eaux ». Malgré cela, l’entreprise aurait choisi de se retrancher derrière l’inaction des services préfectoraux…
Un déni administratif persistant
Autoriser aujourd’hui de nouveaux forages exploratoires, dans une nappe située à proximité directe d’une telle source de pollution, sans évaluation environnementale, relève selon nous du déni et de l’irresponsabilité. L’absence de prise en compte de ce risque dans le dossier technique constitue par ailleurs clairement une violation du Code de l’environnement.
Pour toutes ces raisons, Lorraine Nature Environnement et Vosges Nature Environnement demandent à la préfecture de revenir sur sa décision.




