Libre évolution : la forêt fait mieux sans nous ?
Chaque citoyen entretient avec la forêt une relation particulière, souvent affective. Qu’on la considère comme un lieu de loisir, comme une ressource directe ou indirecte (bois d’œuvre et bois d’industrie ou d’énergie, cueillettes diverses …), ou comme une part prépondérante du patrimoine naturel, la préservation de l’écosystème forestier est une nécessité pour beaucoup d’entre nous. L’intensification des pratiques sylvicoles (transformant la forêt en champ de culture), la plantation d’espèces exotiques, l’impact du changement climatique et des échanges mondiaux, sur la santé de la forêt, sont autant de menaces qui doivent être prises en compte dans le débat public.
L'enjeu
Les forêts sont considérées comme le deuxième écosystème stockant le plus de carbone sur la planète après les océans. Ce constat est particulièrement vrai pour les forêts non-gérées qui séquestrent en moyenne 20% de carbone supplémentaire que les forêts gérées, et ce sur des périodes beaucoup plus longues. Les forêts participent donc directement à la régulation du climat, pour peu que les boisements soient naturels, en bon état de conservation et en bonne santé. Les forêts sont des écosystèmes complexes, très riches et relativement résilients sur le plan biologique, parmi les mieux conservés si on les compare aux zones humides ou aux terres agricoles par exemple.
Néanmoins, les pratiques sylvicoles intensives traumatisantes (abandon de la régénération naturelle au profit des plantations, travail mécanique du sol forestier et tassements par les exploitations …) et la multiplication des événements extrêmes (fortes sécheresses ou pluies diluviennes) induits par le changement climatique impactent directement de nombreuses essences et la régénération des forêts. Les récentes catastrophes démontrent la limite du modèle actuel : fragilité des résineux au scolyte, notamment en plaine, mortalité du frêne par la chalarose, affaiblissement du chêne par la chenille processionnaire … L’adaptation de la forêt à l’industrie ces dernières décennies et non l’inverse diminue fortement sa résilience et il est aujourd’hui urgent d’agir pour sauvegarder les écosystèmes forestiers en grand danger.
Le Grand-Est est une des régions les plus boisées de France avec un taux de boisement de 34% (contre 31% au niveau national). La région est par ailleurs la seule où plus de la moitié de la forêt est publique avec 56% de forêts domaniales et communales (et même 64% pour la Lorraine), contre seulement 25% en moyenne sur l’ensemble du territoire métropolitain. Ces forêts étant souvent fortement dédiées à la production, elles cristallisent d’importants enjeux socio-économiques et environnementaux pour notre région.
Réseau
Le réseau thématique Forêt de LNE veut promouvoir une gestion durable des forêts, partager avec les citoyens les clefs pour comprendre ces écosystèmes complexes et leur donner les outils pour agir en faveur de la protection des forêts et de leur biodiversité. Il rassemble 27 membres actifs des associations de LNE et a pour mission de construire un réseau thématique régional avec ses homologues Champardennais et Alsaciens au sein de FNE Grand-Est. Le réseau thématique Forêt de LNE effectue une veille continue pour améliorer ses compétences et suivre l’actualité de la forêt au niveau national comme régional. Il échafaude un programme d’actions annuel, élabore des positionnements et des documents de référence et met en lien les acteurs associatifs impliqués dans la préservation de la forêt lorraine.
Le réseau thématique Forêt de LNE propose annuellement un programme d’information et de sensibilisation sur la forêt à destination des bénévoles associatifs et des citoyens. Il est à l’origine de plusieurs projets d’envergure dont le guide Forêt : « En passant par la forêt Grand Est » paru en 2018. Depuis 2020, le réseau se penche sur le devenir des forêts militaires. Certains sites boisés, restés inexploités et souvent en libre évolution depuis plusieurs décennies, sont des îlots de biodiversité contribuant à la continuité et à la qualité de la trame verte, bleue et noire, souvent au voisinage des villes. Le Ministère des Armées vend progressivement certaines de ces emprises militaires dont il n’a plus l’utilité aux collectivités ou à des particuliers. Ces sites sont alors potentiellement menacés par des projets d’aménagement (photovoltaïque au sol, parcs de loisirs, projets artisanaux ou industriels …) et LNE souhaite contribuer à conserver ces forêts à la patrimonialité exceptionnelle, dans une démarche concertée avec l’ensemble des acteurs impliqués.